Cette histoire n’est pas une fantaisie romanesque ou un récit purement fictif. Disons que ce n’est pas une histoire sortie de l’esprit d’un mortel. C’est une histoire authentique dont j’ai été le témoin privilégié et invisible durant mes tours de bienfaisances, ici-bas. Je suis en effet le sègre du héros de ce récit initiatique, ou philosophique selon les points de vue. Qu’est-ce que je suis en tant que sègre ? Je n’ai pas le temps de vous le dire, ici, mais vous le saurez au cours du récit. Bien assez tôt, je pense. Tout ce que je peux dire, maintenant, c’est que de mon immortel séjour dans le pays du silence et de la félicité, j’ai reçu, par mes pairs immortels, le pouvoir et le devoir de protéger mes descendants, d’accompagner tous les êtres charitables, de guider leurs pas dans l’exercice de la vertu, ici-bas. Je sais que certains d’entre vous, familiers d’un monde rationnellement expliqué et explicable, auront du mal à croire en ce récit qui mêle des mondes opposés mais cependant complémentaires. C’est fort compréhensible. Néanmoins, je n’ai qu’une chose à vous demander : faites juste l’air d’admettre la possibilité de l’inhabituel, le postulat de l’insondable complexité de l’univers, le temps d’un voyage au cœur de la culture de nos ancêtres. Vous verrez alors que les morts ne sont pas morts, que mourir n’est pas la fin de la vie, mais plutôt sa continuation et son achèvement, que les êtres et les choses paraissent, à première vue, dissemblables mais à voir de près sont, au contraire, si proches. En espérant que chaque lecteur et chaque lectrice, en plus de ses propres convictions et croyances, pourra trouver là matière à en construire d’autres, j’implore la protection et l’assistance des ancêtres sur tous et toutes, tout au long de ce voyage.